Encore une île qui entraîne mes pas de l’autre côté de la terre, au milieu de l’océan. C’est un joyau aussi mystérieux que l’éclat de cette résine, l’ambre, qui aura capturé les vestiges d’autres temps.
Tout y est communion et une dimension holistique s’empare de l’atmosphère.

le patchouli et la cannelle pour célébrer le parfum des voyageurs, la rose et l’héliotrope qui salueront un jardin aussi vierge qu’extraordinaire
et enfin de la vanille et des fèves Tonka pour l’exotisme.

Je me souviens de cette route infinie qui devait me mener aux confins du Colorado. Une route ponctuée de ces forêts de pins et autres cèdres qui caressent le ciel autant que leurs racines capturent le sol.
Dernier rempart avant de laisser place au désert rouge et aride. Ici, les arbres deviennent vestiges. Secs et pétrifiés, ils surgissent entre autres carcasses, tels des mats dans cet océan de puissance. Au loin, je vais rejoindre ces canyons vertigineux où le vent souffle son air chaud.

Cèdre, patchouli et santal y sont puissants, forts, presque enivrants avant de laisser s’étirer des notes de bois de gaïac et ses nuances de vétiver.

En parcourant les pages d’un Pagnol, je me souviens des routes de Provence, au printemps, quand la garrigue s’épanouit, s’étoffe et s’ébouriffe du vent qui vient s’amuser au cœur de ses denses buissons.

C'est une signature de cette Provence réservée à ceux qui la parcourent en toutes saisons. Qui savent que le sable protège les racines de ses grands arbres avant de glisser vers les plages. Ce sont ces arbres, qui en retour, offriront généreusement leur ombre et leurs parfums. Cèdre Provence est une bougie qui régale et embaume de ses « épices végétales ».

Le cèdre et les épices en note de fond sont chahutés par le clou de girofle, la noix de muscade et la rose et vivifiées de thym et d'eucalyptus.

Les enfants jouent, les plus grands s’apostrophes d’éclats de rires et de voix. Discrètes, les figues sont cachées sous leurs grandes feuilles pour être protégées de la chaleur. Et pourtant, sans les voir, tout le monde sait qu’elles sont là.
Sans elles, point d’été. Celui du Sud. Celui de la chaleur. Brillantes, joufflues, au cœur rouge et violet, prêtes à exploser de leur sucre, leur parfum domine. Elles régalent autant qu’elles intimident de leur fragilité parce que presque éphémères. Le temps d’une courte saison.

En fond, les notes de cèdre, de benjoin et de vanille vont structurer une base ronde et à peine gourmande. En son cœur, la figue, reine de l’été se révèle, fille désinvolte du soleil elle se joue avec l’élégance de la jacinthe, plus printanière.

Enfin, pour conclure cette signature méridionale, quelques notes d’anis. J’entends déjà les grillons qui murmurent à mon oreille. Et de m’assoupir pour une courte sieste.

J’ai quitté ce Riad apaisant pour me fondre dans la foule animée de la place. Tout y est turbulent, agité, parfumé. Des vendeurs de peaux aux artisans de bois et de métaux, les cris et autres chants s’élèvent alors que la nuit laisse poindre son croissant de lune. Au loin, c’est le chant du muezzin qui saluera le couché du soleil.

L’Orient et ses contrastes prennent place. Les tapis de grosse laine et ceux tissés de soies précieuses, les épices aussi colorées que parfumées, ces enfants qui se bousculent en éclats de rire, le parfum d’un thé à la menthe : je suis aux portes du désert. Cette porte, que j’imagine de bois, est majestueuse.

Elle sépare la civilisation de l’espace infini de cette mer de sable où la résilience des végétaux force l’admiration. Ce sera une brassée de fleurs qui fera honneur à la noblesse du bois. En fond, des notes de Musc, de Patchouli et de Santal. Avec élégance la rose, le cèdre et l’ambre s’inviteront en notes de cœur.

En notes de tête, c’est la surprise olfactive avec les notes de bergamote que le safran bouscule, et dont les pistils ne se récoltent qu’à l’aube, quand la rosée du matin les enveloppe. Enfin, aussi inattendue que subtile, la violette aux minuscules pétales.

Quand de lointaines îles aux forêts vierges et impénétrables, telle l’Indonésie ou la Malaisie, à la terre couleur de feu, rencontrent de petites îles méditerranéennes au tempérament sulfureux, le choc olfactif est aussi puissant qu’immédiat.

L’impertinence de notes de fond épicées, s’acoquine à celles de la vanille ronde et gourmande pour laisser enfin s’épanouir les nuances boisées du patchouli.

Une fragrance aux mille facettes, presque irrévérencieuse, qui me rappelle ces longs foulards multicolores qui s’envolent les soirs d’été à l’unisson de fêtes pétillantes et joyeuses.

Solaire et sensuel, l’imaginaire de la fleur insulaire m’emmène en voyage. Celui de la fête, de l’amour et de la liberté. Patchouli Ibiza est une signature chiquement hippie.

Quelque part au bout du monde, un chapelet d’îles. Perles au cœur de l’Océan Pacifique, je rencontrais ces douces que l’on prénomme « Îles sous le vent ».
Celui des alizés. L’air est sucré, le soleil redouté. De ces colliers de fleurs multicolores aux coquillages nacrés en leur cœur, de ce sable noir au pied de montagnes aussi vertes qu’impénétrables, je suis aux Marquises.

Îles vierges, je les sais habitées quand le parfum de la coco se mêle à celui de la fleur de Tiaré. L’huile adoucit et nourrit autant le corps que l’esprit. Cette bougie en sera le bouquet pour fondre en douceur.